2  Qu’est-ce qu’un extrême ?

Un extrême réfère à une valeur qui s’éloigne très largement, par exemple de plusieurs écarts-types, des valeurs moyennes observées. Il n’existe pas de définition précise et universelle d’un extrême, mais ce terme désigne généralement des événements ou des conditions rares et d’amplitude exceptionnelle. Afin de bien comprendre les risques que posent ce type d’événements à nos sociétés, il est nécessaire de pouvoir estimer leur fréquence et leur intensité.

Les extrêmes sont généralement estimés de deux façons. La première consiste à identifier les valeurs au-dessus d’un certain seuil. Reprenant l’exemple de la Figure 1.1, on pourrait par exemple choisir de ne retenir que les valeurs au-dessus de 31°C, seuil au-delà duquel les impacts sur la santé des populations sont jugés significatifs¹. Une analyse statistique du type Peak-over-Threshold (ou POT) peut être appliquée dans ce cas².

La deuxième approche, qui est la plus largement utilisée, consiste à identifier les valeurs maximales enregistrées durant des sous-périodes, souvent une année. On parle alors d’approche par block maxima. La Figure 2.1 présente la série des précipitations maximales quotidiennes enregistrées à chaque année à la station Chelsea³ dans l’Outaouais. On peut constater la grande variabilité interannuelle des valeurs et que certaines années se distinguent par des précipitations maximales journalières exceptionnelles, tel qu’en 2011 où plus de 140 mm de pluie avaient été enregistrés le 23 juin. Cette pluie hors-norme surpassait les valeurs enregistrées depuis 1930 par plus de 40 mm! Cet événement avait d’ailleurs causé plusieurs glissements de terrain dans la région de Chelsea⁴.

Figure 2.1: Séries des maxima annuels des précipitations maximales quotidiennes à la station météorologique Chelsea dans la région de l’Outaouais. Chaque point correspond à la valeur maximale de précipitation quotidienne enregistrée à cette station chaque année. À noter que les années avec plus de 20% de données quotidiennes manquantes ne sont pas retenues.

Groupe CSA et al. 2021. « Élaboration, interprétation et utilisation de l’information relative à l’intensité, à la durée et à la fréquence (IDF) des chutes de pluie : guide à l’intention des spécialistes canadiens en matière de ressources en eau ». Guide technique CSA PLUS 4013:19. Association canadienne de normalisation. https://www.csagroup.org/fr/store/product/CSA%20PLUS%204013:19/?srsltid=AfmBOorYWKAdPQaVJqtqLEfzyFV2KDgSObKaL3gN6fdms_ZNT8WqAfTF.

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1. Surveillance des impacts des vagues de chaleur extrême sur la santé au Québec à l’été 2018 Institut national de santé publique du Québec.

2. Voir la fiche 7 qui traite de la méthode POT. Pour plus de détails, voir Groupe CSA et al. (2021).

3. La station Chelsea (7031360) est opérée par le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP).

4. Voir Glissements de terrain en Outaouais : des résidences sont évacuées.