13  Concept et matrice de risque

Considérons un (infrastructure, populations, écosystèmes, etc.) subissant les impacts (ou les ) (dommages, mortalité, perturbations, interruptions de services, etc.) lorsqu’exposé à un (vague de chaleur, inondations, etc.). L’ampleur et l’étendue des conséquences seront fonctions du caractère plus ou moins extrême de l’aléa. Ainsi, une inondation de faible ampleur, donc plus fréquente, affectera un territoire plus petit avec des profondeurs d’inondation plus faibles et des dommages moins importants, alors qu’une inondation de plus grande ampleur, donc survenant plus rarement, aura des conséquences plus importantes. Il existe donc un lien entre l’amplitude, le caractère extrême de l’aléa et l’ampleur des conséquences.

Le concept de risque permet de mettre en balance la d’un aléa et l’ampleur des conséquences sur un système exposé à cet aléa. Le risque (R) s’exprime sous la forme du produit de la vraisemblance (V) et des conséquences (C) :

\[ R = V \times C \]

Ainsi un système exposé à un aléa sera d’autant plus à risque (R ↗) que l’aléa est probable (V ↗) et les conséquences importantes (C ↗). La vraisemblance réfère à la probabilité qu’un aléa survienne sur un territoire donné. Elle peut être qualitative (peu probable, probable, très probable, etc.) ou encore quantitative sous la forme d’une probabilité d’occurrence. Dans ce dernier cas, cette valeur peut être estimée à partir d’une analyse statistique des données historiques et s’exprimer comme une probabilité annuelle d’occurrence ou encore d’une période de retour (voir les fiches 3 et 5).

La matrice de risque est utilisée afin d’évaluer les risques. La vraisemblance de l’aléa et ses conséquences sur un système donné sont classées selon diverses catégories. Le Tableau 13.1 présente l’exemple d’une matrice de risque comportant cinq catégories pour la vraisemblance (de ‘très improbable’ à ‘presque certain’) et pour les conséquences (de ‘négligeables à ’très élevées’). L’attribution des catégories demeure dans une large mesure subjective, particulièrement pour les conséquences qui peuvent intégrer plusieurs dimensions (dommages matériels, pertes d’usages, mortalité, dégradation d’habitats, etc.).

Le risque est calculé en faisant le produit des catégories de la vraisemblance et des conséquences (Tableau 13.1). Ainsi si un aléa ‘très probable’ (catégorie 4) entraîne des conséquences ‘majeures’ (catégorie 4), le risque associé est 16 (4 x 4) et il est qualifié de ‘majeur’. Suivant la classification du Tableau 13.1, le risque peut aller de ‘négligeable’ à ‘extrême’. Le risque croît donc lorsque l’on se déplace du coin inférieur gauche au coin supérieur droit de la matrice de risque (Tableau 13.1).

D’autres classifications de la vraisemblance, des conséquences et du risque sont possibles. Les membres du comité responsable de la démarche d’adaptation doivent convenir entre eux de la classification à adopter. L’organisation d’un atelier de réflexion sur le sujet, de même que la consultation d’experts (science du climat, adaptation aux changements climatiques, aménagement du territoire, sécurité civile, etc.) sont à envisager. Il est primordial que ces classes, bien que subjectives, soient comprises et acceptées de tous. Il faut toutefois éviter un nombre trop élevé ou trop petit de classes.

Tableau 13.1: Matrice de risque à cinq niveaux intégrant la vraisemblance et les conséquences (adaptée de Ouranos and MELCCFP (2024)).
Vraisemblance
1 2 3 4 5
Très improbable Improbable Probable Très probable Presque certain
Conséquence 5 Très élevées 5 10 15 20 25
4 Majeures 4 8 12 16 20
3 Modérées 3 6 9 12 15
2 Mineures 2 4 6 8 10
1 Négligeables 1 2 3 4 5
Niveau de risque Négligeable
R ≤ 2
Mineur
2 < R ≤ 4
Modéré
4 < R ≤ 9
Majeur
9 < R ≤ 16
Extrême
16 < R ≤ 25