15  Crues, inondations et changements climatiques : portrait global

Les changements climatiques entraîneront des variations parfois importantes de plusieurs variables météorologiques cruciales en hydrologie. Ces variations auront des conséquences majeures sur les inondations, qu’elles soient fluviales, pluviales, côtières ou encore dues aux débâcles et embâcles. Ainsi, il paraît clair que la hausse des pluies intenses en été et en automne mènera à des inondations pluviales en milieu urbain plus fréquentes et importantes en raison de l’incapacité des réseaux actuels à évacuer ces importants volumes d’eau (voir la fiche 17). La situation est cependant plus complexe pour les inondations fluviales et la submersion en milieu côtier, où plusieurs facteurs entrent en jeu1. Les fiches du module C s’intéressent plus spécifiquement aux inondations fluviales et pluviales.

Les plus grandes crues annuelles surviennent généralement au printemps sur les grands bassins versants au Québec et au Canada. L’ampleur de ces crues printanières est fonction du stock de neige accumulé pendant l’hiver, de la vitesse de fonte de ce stock de neige et de l’occurrence d’épisodes de pluie sur neige au cours de la période de fonte. Or, les projections actuelles indiquent une hausse des précipitations totales pendant la saison hivernale accompagnée d’une augmentation marquée des températures pendant cette même saison. Cette hausse des températures signifie que les épisodes de fonte et de pluies seront plus fréquents en hiver. L’impact sur le stock de neige disponible au moment de la fonte est donc très incertain, puisqu’une partie des précipitations hivernales supplémentaires pourrait être sous forme liquide. De même, une augmentation des températures moyennes pourrait se traduire par des épisodes de pluie sur neige plus fréquents et plus intenses au printemps. L’impact cumulatif de ces facteurs sur les crues printanières est donc très incertain et dépendra de la situation géographique des bassins versants, de leur altitude, de leur superficie et de certaines de leurs caractéristiques physiographiques. Ainsi, il est vraisemblable que les crues printanières des bassins situés plus au nord augmenteront à cause d’une augmentation du stock de neige disponible pour la fonte, alors que la situation inverse pourra survenir pour des bassins versants situés plus au sud où l’alternance de période d’accumulation de neige et de redoux entraînera une diminution du stock de neige au printemps. Dans tous les cas, la crue printanière sera plus hâtive.

Une intensification des pluies estivales et automnales aura des impacts majeurs sur les crues, particulièrement pour les petits bassins versants où les pluies intenses peuvent s’abattre sur l’ensemble du bassin et où les temps de concentration sont plus courts. Les crues les plus extrêmes seront les plus impactées, parce que les pluies seront elles aussi plus extrêmes et génèreront des volumes de ruissellement plus importants. L’effet pour les bassins versants de plus grandes superficies demeure plus incertain et sera fonction de l’évolution future des conditions antérieures d’humidité.

En résumé, les impacts des changements climatiques sur le régime de crues dépendent de nombreux facteurs dont plusieurs sont encore mal ou incomplètement représentés par les modèles. Globalement, on pourrait assister à une augmentation de l’occurrence des crues maximales annuelles en été/automne au détriment des crues printanières dans plusieurs petits bassins versants situés plus au sud. De même, les crues les plus importantes risquent d’être les plus impactées par les changements climatiques. Ces crues seront plus soudaines et associées à des systèmes convectifs ou des tempêtes extratropicales qui terminent leur parcours au Canada. Enfin, il est primordial de réaliser que le devenir des crues dépend aussi de façon majeure de l’évolution future de l’occupation du territoire sur ces bassins.


  1. Les constats de la présente fiche sont tirés de l’Atlas hydroclimatique du Québec (voir la fiche 16) et de Sharma, Hettiarachchi, et Wasko (2021).↩︎